Accueillir nos émotions pour mieux vivre le «reconfinement»
En ce début de « reconfinement », nous voilà de nouveau mis à l’épreuve. Si nous avons été inégaux dans la façon dont nous avons vécu le premier confinement, aucun d’entre nous ne peut être épargné par les émotions liées à la situation : sentiment d’impuissance, angoisse face à l’incertitude, angoisse de la maladie, sentiment de solitude… Autant d’émotions désagréables dont nous nous passerions bien. Alors comment faire preuve de résilience dans cette situation, comment mobiliser nos ressources intérieures pour y faire face ?
Tout d’abord en accueillant ces émotions en nous. Aussi désagréables soient-elles, elles ne constituent pas en elle-même des troubles psychopathologiques. Que diriez-vous d’une personne qui vient de perdre un ami très proche et qui ne ressent aucune tristesse ? Ou encore d’une personne qui vient de causer un accident de voiture avec des dommages corporels sur les victimes et qui ne ressentirait aucun sentiment de culpabilité ? Ce serait plutôt l’absence d’émotion dans ces situations qui serait préoccupante.
Il est naturel que nous voulions éviter la souffrance. Mais le problème est là : parfois ce n’est pas possible. C’est le cas en ce moment. Et lorsque ce n’est pas possible, la souffrance n’est pas nécessairement destructrice. En fait, c’est notre capacité d’accueil de nos émotions qui déterminera notre santé psychologique dans les semaines à venir.
Nous en arrivons aux poupées russes : ces émotions sont comme des petites poupées contenues en nous. C’est comme si nous avions en nous une poupée « solitude », une poupée « impuissance »… Elles ne sont pas très jolies et nous ne les aimons pas beaucoup. Mais en fait elles sont toujours plus petites que nous, jamais plus grandes que nous. Je veux dire qu’il y a toujours de la place en nous pour les accueillir. Mais si nous cherchons à faire sortir ces poupées que nous n’aimons pas voir en nous, non seulement nous ne parviendrons pas à nous en débarrasser complètement mais ce combat va aussi nous épuiser. Pire que tout, il nous détournera des belles choses qui comptent vraiment pour nous.
Paradoxalement, notre santé psychologique dans les prochaines semaines va dépendre de notre capacité d’accueil d’une certaine souffrance. Rappelons-nous qu’il y a toujours de la place en nous pour les accueillir. Tant que nous leur accorderons cette place, nos émotions ne prendront pas le contrôle de notre vie.
Marie Anne VIVET
Consultante & Psychologue